GHOST DAYS (2008)
Voici la porte que j’ai emprunté pour pénétrer l’entre de Syd Matters.
Ce disque m’a été conseillé par un des mélomane de mon entourage et ce fut un choc, une révélation, une illumination… bref, j’ai écouté un disque fantastique.
Je me souviens de l’instant : mise en route de l’album… scotché, épanoui, frissonnant… je fus triste d’avoir vécu sans ça jusque là. Everything Else qui débute Ghost Days m’a montré un chemin que je n’avais pas encore vu. Celui qui par la suite me mènera à Bon Iver, Jack the Ripper… et qui en conduira d’autres vers Fredo Viola ou Sophie Hunger. C’est si doux!
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I was Asleep et III Jackson se veulent être des titres plus produits que ce que peuvent présenter les albums précédents. On aimera quand même cela car même s’il n’y a pas grand chose qui déborde, certains détails montrent bien que l’art est ici fait avec authenticité.
Ghost Days a été écrit par Jonathan Morali seul, chez lui entre jours et nuits grattant des accords jusqu’à l’alchimie et en écoutant It’s a Nickname, on se prendrait presque pour une petite souris l’observant ces mois durant. Petits arpèges qui ne manquent pas de saveurs s’accordent avec un ensemble d’arrangements délicieux du Bontempi au Violoncelle, de mélodie de guitares aux claquement de doigts. Je vous conseille de savourer cette chanson au casque pour profiter de la finesse des détails de l' »outro » (ouh! le vilain mot!).
Ce disque ne regorge pas de petites expérimentations comme on pouvait en trouver sur les albums précédents mais il rappelle qu’il faut se concentrer sur l’essentiel plutôt que de gagner en séduction, et chercher à l’intérieur ce qui le lie à la musique et à la création.
My Love’s on the Pier en est un exemple marquant. A mon sens, cette chanson aurait pu être écrite par les islandais de Sigur Ros, l’atmosphère n’aurait pas été bien différente si ce n’est la puissance de la batterie en sus et le talent de l’union des voix en moins.
Si vous lisez cette longue série de post dédiée et que vous avez envie de vous mettre à la guitare, Cloundflakes est un support qui me paraît approprié à vos ambitions. Comme une bonne partie de l’oeuvre de Syd Matters, l’atmosphère est privilégiée à la technique. Cette chanson est du plus belle effet pour être joué en soirée avant le dernier verre ou en solo pour le plaisir (comme dirait Herbert Léonard) des oreilles.
L’album offre 3 minutes 20 au soleil avec After all these years. La guitare joue forcément le rôle de l’accompagnatrice dans un moment de légèreté que sait tellement bien nous raconter Syd Matters. Lorsque Jonathan Morali laisse traîner sa voix sur ce titre, on ne peut s’empêcher d’avoir une impression débordante de bien-être, de sérénité. D’être porté. Comme par une brise chaude.
Louise, voilà le titre de l’album que j’ai certainement le plus entendu car il y eut un moment dans ma vie où l’oeuvre tournait chez tous mes compères et la magie opérante dans ce titre est puissante. Au début, il y avait une dissonance sur des cordes de violon rapidement calmée par des arpèges cristallins qui adoucissent la fièvre. Après, la poésie orale emprisonne les mélodies et l’ensemble nous entraîne dans son sillage… un sentiment de perdition… puis un frisson… Et voilà, c’est déjà le dernier couplet (susurré).
Ce qui est toujours agréable quand on écoute de la musique, c’est quand on se fait gifler. Non, je ne suis pas adapte de la douleur mais j’apprécie particulièrement lorsque ma première idée est revue. L’auteur a réussi ce tour à deux reprises dans Big Moon. L’entrée en matière du morceau ne permet pas de savoir à quoi ressemblera la suite… jusqu’à ce qu’au bout d’une minute, la chanson s’installe et se déroule. « Bon là c’est clair, c’est une joli composition guitare/voix… ». « Hep! Pas trop vite mon ami, reste donc pour un dernier verre! Ça ne prendra qu’1 minute 20… Savoures la fin ».
C’est un disque qui radicalise l’instant, que celui-ci soit beau, doux et sensuel ou bien triste, nauséeux et malaisée.
Pourquoi votre pied droit bouge si vite? Pourquoi cette tête dodeline-t-elle? Pourquoi trouveriez-vous de l’intérêt à une mélodie quasi-country? Pourquoi auriez-vous envie de tout partager d’un coup? Tous et toutes vous manquent, ne partageriez-vous pas ce vin avec eux? Les réponses à ces question sont apportées dans ce bel ouvrage, lorsque la porte s’ouvrira quand votre lecteur lancera Anytime Now. Un des titre que je préfère sur ce disque, il sait m’accompagner en toutes circonstances.
Au début, on profite et on ondule… puis on s’apaise pour une belle ballade sonore où nos chemins croisent un chevalier sur sa planche à roulette qui caresse une ride, un violon qui vole, une main droite qui se heurte à une main gauche et des ondes ensorcelantes. Me and My Horses sait encore une fois troublée par son originalité dans l’écriture et amener l’auditoire dans un tourbillon vertigineux de saveur pour les oreilles.
On ne lui avait rien dit (Nobody told me). Malgré que la question existentielle soit posée (sur la table), aucune réponse… « tout se passe bien autour mais moi? ». La voie de l’enivrement est adoptée pour oublier ce désarroi (passager?). L’ambivalence est très intéressante, une musique douce et un sujet lourd. Si le début de ce titre souffle le chaud et le froid, la suite mélange tout cela… comme si à force de réfléchir à quelque chose, on en avait oublié le sujet.
Est-ce un malaise ou est-ce un rêve? Est-ce vrai ou est-ce un « jour fantôme »?
Belle chronique de disque, pour un groupe grandiose que j’adore…