Hip but cheap: une supercar à moins de 15 000 €

Lotus Esprit TURBOEsthète de la vitesse, rien ne compte plus pour vous que l’accélération rageuse d’un V6 compressé entre deux feux rouges. Déjà, le permis en poche, vous aviez allégé de ses garnitures et de son tableau de bord votre vénérable Austin Métro. Puis vous lui aviez greffé un carburateur plus gros, puis un moteur de métro Turbo, puis ce fût le drame: lors d’un run enragé contre une Opel Kadett, votre supercar est restée coincée en marche arrière.

C’était il y’a quinze ans. Aujourd’hui, vous êtes un homme mature et sûr de ses choix. Votre pouvoir d’achat a augmenté, vos valeurs ont évolué. Au placard les baggies qui tombent sur les genoux, adieu Vans et autres péniches pédestres.

Pourtant, le soir tombé, dans les rues désertes, lorsqu’un long morceau de goudron se présente devant vous, vous ne supportez toujours pas l’idée de vous faire gratter par un nabab pétrolier ou un dealer de coke! Il vous faut une Supercar. Quelque chose qui dépasse tout ce qui roule, une Supercar telle que définie par la presse automobile:

La supercar est une voiture ultra sportive, aux performances extrêmes et hors de prix. Il faut qu’elle offre une technicité, des matériaux ou des solutions réservés à la compétition. Enfin, elle doit être issue d’une production confidentielle, en marge des séries habituelles du constructeur.

Pour être totalement honnête, plusieurs facteurs vous restreindrons dans l’établissement de cette liste: hors de prix risque d’être mal perçu par votre entourage de même que performance extrême peut nuire à vos chances de mourir d’un cancer à 80 ans. Cela exclut d’emblée la sélection faite par vos collègues de travail qui portent des jeans GStar et ne jurent que par BMW ou Audi. Cela exclut aussi les merveilleuses Catheram ou Elise, trop communes.

Rassurez vous, il existe encore des centaines de modèles différents sur le marché Européen. Certaines n’ont pas roulé depuis dix ans et ne rouleront pas plus une fois en votre possession, d’autres sont maquillées comme une péripatéticienne au bord de la retraite, mais globalement, il suffit de se rendre sur des sites d’annonces type Autoscout24 ou PistonHeads pour trouver quelques Supercars à moins de 15000€.

Lotus Esprit Turbo: 5.4 Secondes

ESSEX

Super car ability:

Moteur central

Turbo

Approuvée par Roger Moore

La Version Essex vous gratifiera d’une livrée exceptionnelle, à l’intérieur en cuir rouge brillant et l’autoradio de toit Panasonic.C’est certainement une des plus belles Supercar des années 70/80. Les premières séries sont aujourd’hui datées mais ont un charme incomparable. Si votre bon goût et votre charisme vous permettent d’associer avec élégance un Polo Rose et des chaussures de ville, cette voiture vous est destinée. Première Lotus Turbo, son 2,2 litres à carter sec conserve ses carburateurs Dellorto pour produire 210 chevaux. La voiture pèse 1250 kgs, monte à 245 km/H.

Produite à 44 exemplaires, vous avez sous vos yeux une automobile au potentiel en collection démesuré. Digne Supercar old fashioned, vous êtes allongé au volant, vous n’avez aucune rétro-vision tandis que le pédalier semble avoir été conçu pour les culs de jatte. Le quatre cylindres s’ébroue au premier tour de clé, le bruit venant de l’arrière étant plutôt sympathique. Les commandes sont souples et la direction millimétrique compense sans peine la boite collante et imprécise. Aux allures civiles, la suspension est relativement confortable tandis que le moteur est souple et coupleux. Le bruit est sans frime: un honnête 4 cylindres au bourdonnement sourd, à peine ponctué du sifflement de la soupape de décharge du turbo.

Vous trouverez ça peut être un peu « limite » pour une supercar, pour ma part, j’ai toujours apprécié la mélodie agricole des 4 cylindres anglais. C’est mécanique, sans superflux, c’est simple et honnête.

Arrive une rue dégagée.

Il est tard, vous connaissez parfaitement ce parcours pour le pratiquer toute la semaine. En pressant l’accélérateur, passés les 2500 tours, l’aiguille du compte-tours grimpe vers le rouge avec vigueur vers les 7000.

Pas de temps de réponse, pas de trou, 55km/H, Pshiiii, seconde, 102 km/H, Pshiii, Troisième, la tenue de route devient incroyable, on pouvait craindre des réactions vicieuses de la part d’une anglaise turbocompressée à moteur central: le châssis se révèle être une oeuvre d’art, absolument exempt de roulis, avec une direction ultra franche, l’adhérence est surnaturelle. A la limite, et seulement parceque vous avez voulu la provoquer, la voiture va se rattraper avec progressivité et sans aucune malveillance. En bonne auto artisanale, elle n’est pas exempte de défaut: la plupart de l’accastillage intérieur est repris de voitures de grande série, l’assemblage ponctuant son âge par de nombreux couinements et l’ensemble des périphériques sont à observer avec le plus grand soin tant la chaleur qui règne dans l’exigu compartiment mécanique est susceptible de leur porter préjudice.

Si la ESSEX est chère et rare, les séries ultérieures conservent le même ADN tout en proposant des prix plus corrects. Une Jolie S3 ou une X180 saine s’échangent encore aux alentours de 15000€. N’hésitez pas à inspecter régulièrement les pages du Forum Lotus

 Pourquoi il vous en faut une?

C’est certainement LA voiture la plus cool de la fin des années 70. C’est maintenant ou jamais. Dans 20 ans, vous direz à vos enfants (passionnés d’automobile, cela va de soi) Ahhh… tu sais, dans les années 10, on trouvait des Esprit à 15 000€… Personne n’en voulait tu sais, un peu comme les audi RS aujourd’hui… Si j’avais su que le prix se trouverait un jour multiplié par 10…

Maserati 3200 GT: 5,4 Secondes

Maserati 3200 GT

Supercar ability:

Autocombustion spontanée

Instabilité chronique

Mécanique pointue

C’est  l’auto du renouveau pour Maserati: première voiture rompant avec la ligne angulaire des sulfureuses Biturbos, première collaboration avec Ferrari. Pourtant, ses dessous restent plutôt classiques: la 3200 GT est une Biturbo améliorée. Il faudra attendre la 4200 pour voir le châssis évoluer plus profondément.Le plus beau derrière des années 90, c’est elle. A la regarder, on s’imagine déjà avec des mocassins en daim et des gants à trous en train de cruiser entre Nice et Beaulieu sur la Moyenne Corniche. Cette GT est pourtant inclue dans notre sélection de supercars : à l’époque, elle tenait la distance face à une Modena.

Son V8 3,2 litres est une évolution du V6 quatre arbres de la 2.24V, que l’on pouvait retrouver à l’époque sous le capot de la Shamal. C’est un moteur 100% Maserati, il est accouplé à une boite 6 Getrag et produit 370 chevaux à 6250 tours/min. La puissance au litre est bien éloignée de celle des habituelles mécaniques turbocompressées de la marque. Les mauvaise langues diront que Ferrari ne voulait pas que sa Modena soit directement concurrencée par sa cousine. L’intérieur présente un luxe ostentatoire comme il est de bon ton dans l’officine depuis toujours: horloge centrale, cuir à profusion et équipement cheap.

Le soucis avec ce genre d’accastillage c’est qu’il supporte mal un usage quotidien: les cuirs clairs sont salissants, les assises sont fragiles et se perforent facilement sous les assauts de votre bon vieux levi’s tout dégueu que vous ne portez plus que pour aller réparer votre Triumph au garage… Cette débauche de luxe laisse à penser que l’auto est un poids lourd. Il n’en est rien, sous ses apparences de GT, la 3200 pèse 1550 kgs, abat le 0 à 100 et 5,4 secondes et atteint les 280 km/H. La suspension est à double triangulation sur les quatre roues et dispose d’un amortissement qui se durcit lorsqu’un appuie sur la touche « sport ».
Contact. Au vu de l’ambiance à bord, on aurait pû croire que la Maserati résonnerait d’un feulement discret: le V8 est sonore, sa sauvagerie semble apte à dissuader les pilotes les plus frêles d’entrer en conflit contre vous. Les commandes sont relativement souples, mais l’accélérateur électronique, est un peu trop brusque. Heureusement, le V8 bi-turbo est d’une étonnante souplesse tout en sachant monter dans les tours avec vigueur lorsqu’on le sollicite. L’accélération est puissante, inépuisable… Heureusement les freins sont à la hauteur de l’ensemble.

« Pourtant, au volant de cette voiture, vous n’êtes pas serein. »

Votre dos est humide, vos pupilles dilatées, vos mains accrochées trop fermement au volant. La suspension de la voiture est un bout de bois. La voiture sautille sur les mauvais revêtements et rend l’ensemble incontrôlable. Si sur autoroute ou voie rapide, ces mauvaises manières sont estompées par la vélocité de la machine, les routes secondaires qui constituent l’essentiel de votre trajet quotidien vous donnent la sensation de vous rendre de Kaboul à Jalalabad par l’autoroute.

A chaque feu rouge, vous êtes alors partagé entre la peur de vous encastrer dans le premier pylône venu et le plaisir de distancer la plupart de vos concurrents à quatre roues, poussé par le hurlement du V8 Maserati devant vous.

La Maserati 3200 GT est sortie en 1999, sa durée de production n’excédera pas les 3 années car ses extraordinaires feux boomerang ne seront jamais homologués aux USA. En raison de la réputation sulfureuse de la marque, la côte est plutôt faible et un modèle correct se trouve à partir de 15 000€. L’autre bonne surprise, c’est un budget d’utilisation tout à fait raisonnable si votre modèle a été correctement entretenu: les courroies ne se changent que tous les 100 000 kms, avec l’embrayage. L’électronique vous provoquera plus de désagréments: fuyez les versions équipées de la suspension Skyhook, faite vous ami avec un électricien automobile, achetez vous un metrix et tout ira bien.

 Pourquoi il vous en faut une?

Vous êtes frustré de n’avoir pas pu acheter une Biturbo cabriolet quand vous aviez 20 ans, pas parce qu’elles étaient trop chère, mais parce que vos parents refusaient de vous laisser mourir au volant de cette sulfureuse voiture. Vengez vous!

TVR Cerbera Red Rose : 3,9 Secondes

Supercar ability:

Puissance excessive

Chassis tubulaire

Design intérieur digne d’une Pagani

Pas d’aides à la conduite (du tout)

.Présentée à Birmingham en 1994, la Cerbera est l’évolution logique des nouvelles générations de TVR, celles d’avant la troisième faillite. Elle sera la première auto du constructeur équipée du moteur maison, le V8 AJ8 4128cc3 de 365 chevaux. Après une année de production, il sera remplacé par un 6 en ligne de 4 litres de performance équivalente, tandis que le V8 sera porté à 4,5 litres et 420 chevaux dans une version fiabilisée. Enfin, pour ceux qui trouveraient le V8 un peu juste, TVR proposera un package dénommé « Red Rose » destiné au chevalier urbain que vous êtes: 440 chevaux, 1100 kgs, 0 à 100 en 4,1 secondes, 280 km/H.

La Cerbera est le chef d’oeuvre des années 90

Déclinaison fermée de la Chimaera dont elle reprend le bas de la ligne de caisse, la Cerbera est l’apogée de 45 années de coupés à ligne ponton. Ferrari 250 GT, Aston Martin DB5, Facel II, toutes synthétisées en une oeuvre pure, basse, longue, large, avec un long capot, une seule vitre latérale et un toit qui semble avoir reçu un top chop… L’intérieur ne semble pas avoir bénéficié d’une quelconque expérience en ergonomie: on ouvre la porte avec un bouton sous le rétroviseur, on démarre à l’aide d’un bouton sous le volant, autour duquel sont regroupés tous les compteurs.

Le cuir est partout, il n’y a presque pas de plastique à bord. Depuis les premières Grifith ou même la Tuscan, il y a eu un effort sur la qualité de l’ensemble. Bien sur il reste encore quelques trucs en plastique « collés » au sikaflex comme le porte savon qui se casse tout le temps la gueule dans votre salle de bains et aucun des gadgets électriques positionnés à bord ne fonctionnent au moment où il le devrait. Passons! Devant cet intérieur magnifiquement baroque, il y’a un V8. Cette mécanique est directement issue de la compétition, elle hurle de bonheur en approchant la zone rouge avant d’être castrée par un buzzer.

Ses 121 kgs placés au centre du châssis tubulaire s’élancent à chaque sortie de virage avec une fureur incroyable, les anglais ne semblent pas avoir les mêmes normes de bruit que nous… Bien entendu, le châssis est survireur, la tenue de route est fougueuse, mais l’amortissement ferme préserve cependant un peu de confort (c’est là encore l’avantage des voitures légères!) et absorbe bien les irrégularités. Dans ce combat, aucune aide à la conduite ne vous sauvera à par les excellent freins AP racing. Extrême, cette auto est pétrie de qualités: rareté, perfection de la ligne, mécanique issue de la compétition, c’est peut être sa conduite exigeante qui a limité son succès tandis qu’elle fera le vôtre.

Quand d’autres se réfugient derrière un cheval ou un taureau, TVR met un chien sur la route. Pas n’importe lequel bien sûr: un chien à 10 têtes (ou 50, ou 100 selon les ouvrages). Assoiffée de vengeance, elle rugit à la poursuite d’un damné imaginaire. La Cerbera se trouve à partir de 10 000£ en Angleterre, son importation en France est copieuse mais possible. Privilégiez une V8 4,5 litres, la Speed six est presque impossible à homologuer et la 4,2 litres est moins fiable. Surveillez bien l’état du châssis, sur les routes anglaises, certains tubes trop souvent délavés ont tendance à se corroder rapidement. Enfin, dites vous qu’à l’approche des 100 000 kms, le moteur a donné l’essentiel de ce qu’il avait à donner.

Pourquoi il vous en faut une?

Il faut vous faire un dessin? Des autos comme celle-ci, il n’y en aura plus beaucoup. Et passez outre le fait qu’elle tente de vous tuer à chaque virage et que chaque ligne droite se termine à plus de 230km/h.

Solutions alternatives:

Venturi MV 210

Venturi 260Petite française devenue trop rare,
la Venturi est belle, bien finie, possède un bon pedigree,
mais trop peu de chevaux en provenance de son V6 PRV
pour vous assurer de conserver la tête du peloton entre chaque feu rouge.

Toyota Supra MK4

Toyota-Supra-mk4-

Coupé à moteur avant, propulsion, 6 cylindres en ligne turbo,
0-100 en 5,6 secondes, le tout avec la légendaire fiabilité Toyota.
Ou est le problème?
C’est une caisse de beauf qui va irrémédiablement éloigner de vous tous vos amis,
vous faisant renoncer à vos courses enragées entre la cave Riviera et les Vieux Murs
pour vous résigner à drifter le parking du MacDonald.

Porsche 944 Turbo

1986_porsche_944_turbo_cup1

Idem Supra, sauf que vous fumerez des Rothmans
en vous rendant chez vos potes à Cabris…

5 Réponses

  1. Bertie

    J’adore !
    Ca rappelle certains éditos de « Automobiles sport et prestige »..
    Ceci dit, j’imagine que trouver une Venturi ne doit pas être très simple vus les chiffres de production. Et la très belle Atlantic 300 doit être introuvable et hors de prix.

    Cordialement

    B

    Répondre
  2. Rowhider

    La Venturi fait bien mieux que remporter la course au feu rouge: il remporte la course au virage!
    Le châssis poutre acier et ses double-triangulation lui offre une tenue de route fabuleuse.
    Par ailleurs on le disait: la meilleur voiture du monde serait une Venturi à moteur Ferrari.

    Répondre
      • Pierre Desbuleux

        et celle-là appartenait à un restaurateur Allemand
        La seconde appartenait au Comte Rossi.
        Une troisième, apocryphe, calquée sur la seconde a été homologuée pour un collectionneur monégasque

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