L’année 2013 n’a, selon moi et contrairement à tous les mérites vantés par la presse, pas été une grande année musicale… à mon grand regret. Voyant cette année s’achever, j’ai tenté de faire un bilan des plus belles vibrations sonores qui m’ont traversé. Ce bilan a été douloureux car j’ai trouvé dans cette recherche un énorme vide.
Alors, j’ai failli abandonner l’idée de mettre en mot ce sentiment puis, comme une évidence, la lumière m’est apparue. Je croyais perdue cette idée de pouvoir suer de plaisir quelques ondes mélodiques que j’essuierais avec mon clavier, quand je me suis rappelé le plaisir ressenti au travers des yeux d’Hugo à l’occasion d’un repas entre amis alors que mes enceintes lui proposaient ce qui, pour moi, reste le véritable album de l’année : PUSH THE SKY AWAY.
Nick Cave & the Bad Seeds de retour après 5 ans
Hormis, des rééditions remasterisées, on n’avait plus vraiment entendu parlé de Nick Cave, Mick Harvey, Blixa Bargeld et Thomas Wydler depuis la sortie de « Dig, Lazarus, Dig!!! ».
En plus, les copains d’adolescence, que sont les deux premiers, ont décidé en janvier 2009 de prendre des chemins différents. On s’était dit : « Voilà, c’est fini… ».
J’avouerais sans grande gêne que je n’ai jamais été très inspiré par la musique de l’ami Cave même si, géométriquement, tout est plutôt bien rassemblé pour répondre à mes attentes musicales et pour intégrer ma discothèque.
Le 18 février 2013, après une annonce médiatique dans les lignes des fanzines et webzines underground uniquement, le monde découvre « Push The Sky Away » et le corps de Susie Bick, la femme de Nick Cave, entièrement nue sur une pochette d’album photographiée dans la chambre à coucher du couple. Une chaleur annoncée dans un univers froid et sombre.
PUSH THE SKY AWAY est devenu un album incontournable
Encensé par la critique, l’album ne sera pas le support de vos soirées de beuverie pour faire danser vos copines. En revanche, si vous êtes, comme moi, en recherche d’émotions… alors, vous serez comblés.
L’ambiance est parfois sombre et tendue, parfois plus légère. Le texte est à demi chanté, à demi parlé. On s’approche parfois même de la chanson folk classique comme sur Mermaids mais il y a toujours ce petit truc en plus qui met au garde à vous la pilosité dorsale. Le crunch de la guitare et le delay me mettent à chaque écoute en émoi. Ce titre me rappelle un morceau de REM et William S. Burroughs, Star Me Kitten, mais plus tendu, apparu sur la bande originale d’une série des années 90 au côtés d’un morceau de Nick cave and The Bad Seeds (Red Right Hand).
Cet album enregistré en France (et oui, on sait faire des trucs superbes dans notre pays) est qualifié par les In
rocks de « repos du guerrier ». Je trouve cette image parfaitement illustrée par Jubilee Street, une sorte de montée en puissance qui ne transpercera pas les murs mais qui a tout à fait sa place dans la thématique de l’album. Il s’élève petit à petit puis prend de l’ampleur avant de s’ouvrir sur un tourbillon de guitare noisy (mais pas agressive) et de choeurs brillants. Le riff de guitare fait bien la ritournelle qui colle à la peau et dont on a du mal à se décrocher. Trois titres plus loin, le morceau se referme sur Finishing Jubilee Street dans lequel la ritournelle est un battement rythmique simple mais hypnotique. La fin n’est, à mon goût, pas à la hauteur de l’ouverture. Peut importe, j’ai la chance de savoir ce qui suit sur l’album… alors j’écoute ce morceau pour ce qu’il est, et je me prépare à m’éloigner un peu plus des modèles standards de la musique.
Mais tout n’est pas facile à digérer. Il me faudra plusieurs écoutes pour apprivoiser We are Cool. J’y ai vu une absence de mélodie touchante au début puis peu à peu, comme une aiguille qui perce la peau puis qui traverse les nerfs avant d’atteindre la veine pour y répandre son jus. Une fois le chemin parcouru, on ne peut que se délecter de la retenue vocale comme en retrait face à un jeu de violon oppressant (merci Warren Ellis!) .
Le ciel ainsi repoussé, l’album amène sur un plateau d’argent le huitième titre très emprunt de blues, mais pas un classique. Non! J’appellerais ça un « lament blues ». Peut-être mon morceau préféré de l’album de part son côté viscéral « Can you feel my heart bit? » gémit-il. Un son si équilibré, je n’ai que trop rarement entendu une musique où tout est exactement à sa place, rien ne déborde sur rien. Chaque détail est millimétré, du rauque de la voix de Cave aux cymbales douces ou appuyées… Oh oui, vraiment Higgs Boson Blues est un bijou que j’aimerai vraiment vivre en live pour dire « Putain… » et rester bouche-bée.
Alors que l’album se clôture sur un titre éponyme mêlant bruit blanc et clavier psyché dans une ambiance moite, il nous est vivement conseillé de continuer à repousser le ciel.
Après de nombreuses écoutes durant cette année 2013, j’aurais trois conseils : délectez-vous d’un album à la production parfaite et aux compositions si inspirées, prenez un mégaphone et hurlez à qui veut l’entendre « NICK CAVE A SORTI UN ALBUM QUI S’ECOUTE… ET C’EST UNE MERVEILLE! » enfin, pour les auteurs, continuez à repousser le ciel et pondez-nous (quand bon vous semblera) une autre merveille à la hauteur de cet album.
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