Qu’est-ce qu’une voiture de collection?

Tout bon magazine se doit d’avoir un éditorial.
Tout bon éditorialiste dans l’automobile ancienne se doit d’avoir un argumentaire honnissant la plèbe en SUV diesel pour faire l’apologie de sa caste automobile…

Ce ne sera pas le cas ici. Non, avec une approche totalement mercantile qui nous permet à la fois d’améliorer le référencement du site Auto Reverse et de vous montrer que oui, on peut encore écrire des articles, nous allons vous donner notre vision de ce qu’est une automobile de collection, en toute subjectivité et avec son lot de mauvaise foi.

Plus jeune et sans budget, je ne pouvais pas me payer la 205 GTI d’occase de mes rêves. Ce vrombissant et rutilant engin était la clé pour palier à ma timidité et faire oublier le gars du fond de la classe. Je découvrais alors que La voiture de collection avait un double avantage: me permettre de frimer à pas cher et ne pas perdre l’argent que je n’avais pas à la revente. J’avais donc jeté mon dévolu sur une Mini. Elles s’échangeaient à l’époque pour moins de 10 000 francs en état correct (soit à peine dix ans de CROUS). Passée la joie de posséder enfin un moyen de transport hermétique et chauffé, de nouvelles sensations sont venues étoffer mes motivations initiales. L’improbabilité de la Mini transformait chaque trajet en une aventure: Ramener un escabeau, partir au ski à 4, rentrer de boite à 5, perdre une roue en rase campagne à 6… Chaque moment passé dans cette auto n’était plus du temps perdu mais une nouvelle aventure à raconter.

Plein d’autres sont alors passées: La 403 qui a fait un trou dans mon costume le jour de mon oral en école de commerce, la XJ6 qui m’a définitivement fâché avec mon banquier, la MGB GT qui m’a donné envie de créer Auto Reverse, la TVR qui m’a donné envie d’arrêter Auto Reverse, la Land Rover qui m’a appris qu’on ne pouvait faire des sauts comme dans l’homme qui tombe à pic, la 106 qui a donné envie à ma compagne de me faire arrêter Auto Reverse et la MG TD qui a démontré qu’une voiture sans pare brise, c’est violent…

Aujourd’hui nous avons 14 voitures. La plus vieille date de 1953 et la plus récente de 2011. On peut les ranger par carrosserie, par origine, par cylindrée, par pays, mais surtout par couleur: 3 grises, 3 bleues, 2 vertes, 2 rouges, 2 blanches, une jaune et une indéterminée.

Toutes ont un truc, toutes font de la route et de ces précieuses heures passées à se balader entre amis ou coincés dans un embouteillage, un moment à la fois pénible et exaltant.

Chacune nécessite sont lot d’explication lorsque l’on en cède le volant: Celle ci ne freine pas. Attention, celle là a l’embrayage qui colle. Non, il n’ya pas de capote. Oui, il faut tenir la vitre quand tu la baisse. Fais gaffe, la batterie se vide quand on met les phares trop longtemps. Et oui, elle tient toute la route. Bien sûr elle rame! Tu t’attendais à quoi?

En dépit de tous les écrits et de toutes les dissertations, de toutes les batailles de réseaux sociaux et de toutes les vidéos du monde, il n’existe finalement qu’une définition valable pour l’automobile de collection. C’est un voyage. En 25 années de conduite à bord de chignoles diverses et variées, je n’ai obtenu qu’une certitude: Même si chacun possède son lot de convictions, Il n’y a de clocher qui vaille la peine d’être défendu. Oldtimers, Youngtimers, voitures neuves ou d’occasion, européennes, asiatiques ou américaines, populaires, roadsters ou sportives, tant que le poids des histoires surplombe celui de la ferraille, elles valent la peine d’être vécues.

Que vous soyez à bord d’une Morgan neuve, d’une Panda d’occasion ou d’une Bugatti type 35, si le voyage compte plus que la destination, vous êtes dans la bonne auto. Peu importe l’avis des autres, peu importe la valeur d’achat ou de revente. Acheter une voiture de collection c’est se payer un voyage. Les souvenirs que vous en ramènerez vaudront toutes les nuits passées à remplacer une dynamo sur le bord de la route.