Les villes fantômes, les bâtiments qui grouillaient autrefois de monde et qui se retrouvent un beau jour absolument déserts, et en proie aux fantasmes d’explorateurs à la recherche de sensations et d’ambiances post apocalyptiques, les vieilles bâtisses expurgées de toute présence humaine mais ayant néanmoins conservé leurs meubles et leurs apparats d’époque… lieux abandonnéseux abandonnés
Ces lieux fascinent. Le cinéma s’en régale depuis des années (avec plus ou moins de réussite) lui-même allègrement supporté par des thèmes récurrents dans la littérature, par l’imaginaire commun et par la notion omniprésente de fin du monde, ou tout au moins de la fin de la société humaine.
Voici un portfolio de certains lieux et sites particulièrement marquants, péchés parmi des centaines d’autres.
Sanzhi, Taiwan (le district des Maisons OVNIS)
Sanzhi, Taiwan (le district des Maisons OVNIS)
Probablement l’un des exemples les plus frappants visuellement, le style architectural du lieu étant en pleine contradiction avec son statut de ville fantôme. Surnommé également “Ruines du futur”, la construction du district de Sanzhi débuta à la fin des années 1970. Tantôt développé pour devenir un spot touristique pour une clientèle extrêmement fortunée, tantôt pour constituer un ensemble de HLM futuristes pour les travailleurs locaux, puis enfin sensée cibler une clientèle de militaires américains stationnés en Asie, le site a connu bien plus qu’un simple problème marketing.
La construction sera définitivement stoppée en 1980, deux ans après le premier coup de pelleteuse. Les énormes difficultés d’investissement et un surcoût colossal ne seront que le coup de grâce au projet. En effet, en deux ans le nombre d’accidents de la route à proximité du site et celui des décès d’ouvriers dans le cadre d’accidents du travail sera tellement spectaculaire que le projet sera abandonné, revêtant ainsi une dimension presque surnaturelle. La malédiction pesant sur le district sera expliquée par certains comme directement due au sacrilège de décomposer une séculaire statue sacrée de Dragon chinois afin d’élargir la route. D’autres présumeront plus tard que le site fut jadis un cimetière informel d’officiers allemands, lesquels continueraient de hanter les lieux en compagnie de tous ceux ayant trouvé la mort durant les travaux.
Devenu une sorte de légende, le district tout entier et son histoire ont été abandonnés par le gouvernement, probablement frileux à cause du mystère entourant les lieux, au point qu’aucun nom d’architecte n’est lié à Sanzhi. Certains auraient pu croire que les maisons OVNIS seraient devenues une sorte de patrimoine tacite et intouchable (détruire des lieux peuplés d’esprits tourmentés et solitaires est un bon moyen d’attirer une malédiction), pourtant, après avoir été une attraction touristique mineure et un lieu de tournage pour quelques vidéos, le site a été définitivement démoli en 2010 et serait destiné à être converti en centre commercial pieds dans l’eau et water park. Reste à savoir si cette décision sera au goût des esprits errants.
Varosha, la ville piégée dans le passé
Varosha, la ville piégée dans le passé
Depuis bientôt 40 ans, l’île de Chypre reste la cible des convoitises de la Turquie et de la Grèce. Le continent divisé a connu invasions et coups d’état et reste dans une situation politique précaire.
La manifestation la plus spectaculaire de cette situation est le destin de la “section touristique” de la ville portuaire de Famagouste, le quartier de Varosha. Jusqu’en 1974, et surtout après 1969, Varosha était l’une des destination touristiques les plus prisées au monde et implicitement réservée aux plus riches et aux vedettes. Les avenues labellisées à l’américaine (l’avenue John F Kennedy, le spot de Glossa Beach) et les multiples hôtels de standing baptisés de noms un peu racoleurs (le King George Hotel, le Florida, l’Asterias, l’Argo Hotel) ainsi que la grande rue marchande portant le nom de Leonidas et pavée de clubs et de bars étaient autant d’attraits faisant de l’œil aux clientèles européennes et nord-américaines.
Lors de l’invasion éclair de l’armée Turque en juillet 1974, les habitants réguliers de Varosha n’eurent pas d’autre choix et seulement quelques heures pour réunir quelques affaires et fuir, en ayant sûrement à l’esprit qu’ils finiraient par pouvoir rentrer chez eux. Au lieu de cela, Varosha demeure une ville enfermée en 1974. Dans leur hâte, les 36000 personnes peuplant le quartier laissèrent leurs voitures dans les parkings et la plus grande partie de leurs possessions à leur domicile, de même que les commerces restés portes ouvertes et remplis de toutes sortes de marchandises allant des bouteilles de champagne aux nouvelles automobiles sorties durant l’année.
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Depuis lors, le périmètre de Varosha a été barbelé et son accès absolument interdit, à l’exception des forces de l’armée Turque et de celle des Nations Unies. Il n’y a strictement aucun projet pour réhabiliter Varosha d’une façon ou d’une autre. Au contraire, la nature est lentement en train de réclamer ses droits : les métaux sont corrodés, les murs s’effritent, le bitume est transpercé par la végétation, au point que de l’irréparable. A l’instar se Sanzhi, Varosha semble être une sorte d’attraction touristique mineure et interdite, puisqu’il est possible de glaner quelques photos sur lesquelles figurent quelques joyeux et gras personnages au pied des hôtels abandonnés. Peut être ceux qui visitent le quartier de nuit à leurs risques et péril pourraient témoigner que des ampoules restée allumées ce jour de 1974 lors de la fuite des habitants, continuent d’ éclairer.
Les forts de Maunsell
Les forts de Maunsell
Si la plupart des lieux abandonnés son raisonnablement accessibles au commun des mortels, moyennant une prédisposition à attraper quelques sueurs froides ou à se faire tirer dessus au M4, le cas des forts de Maunsell est un peu différent.
Bâtis par la NAVY durant la seconde guerre mondiale dans les estuaires de la Tamise et du Mersey, les quatre fortifications ou ensembles de fortifications (Sunk Head, Tongue Sands, Knock John et enfin Rough Sands) furent conçues afin de protéger le Royaume Uni des raids aériens allemands. Les trois fortifications restantes (Nore, Red Sands et Shivering Sands) furent montées par l’armée dans un but similaire. Lourdement armés de canon Bofor, certains bâtiments étaient de véritables prouesses techniques, capables notamment d’être presque intégralement immergés.
Si l’abandon des forts par l’Etat Général à la fin des années 1950 ne fut pas aussi spectaculaire ou dramatique que celui de Sanzhi ou de Varosha (quoique certaines des structures aient été détruites par les ingénieurs anglais et que d’autres se soient effondrées dans la mer), l’histoire qui suivit est en revanche beaucoup plus colorée. Tout d’abord, de nombreuses radios pirates s’y installèrent. Radio Caroline, Screaming Lord Sutch ou Radio Invicta trouvèrent parfaits les volumes des forts pour y installer leurs antennes. Les structures furent plus tard au centre du tournage d’un épisode du Doctor Who. Enfin, certains forts on été réaménagés avec l’aide du Projet Redsands en vue de leur préservation et d’en faire un lieu de tourisme TRÈS élitiste.
Mais l’histoire la plus exceptionnelle est celle de Paddy Roy Bates qui, après avoir utilisé le fort Rough Sands pour y développer sa radio pirate BBMS, déclara que le fort lui appartenait après un imbroglio souligné de quelques coups de feu à la suite duquel les Britanniques déclarèrent que Rough Sands ne faisait pas partie de leur juridiction, car au-delà de la limite de leurs eaux territoriales.
Depuis, Bates a rebaptisé son empire en Principauté de Sealand et en a fait une micro nation avec sa constitution, ses passeports, son hymne national, sa monnaie, ses équipes de sport, son casino online et son histoire tonitruante pavée de luttes de pouvoir, de mercenaires et d’enlèvement… Plus à venir dans un prochain “Lieux exceptionnels” !
Dans la série des “Lieux Exceptionnels”:
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Dallol
Bonneville
burning man festival
Le Boneyard Project
Burning Man Festival 2013
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