La traduction littérale du mot Afar “dallol” est : désintégré. Il suffit d’avoir porté son regard sur quelques photos ou vidéos de cette merveille du désert de Danakil, Ethiopie, afin de comprendre pourquoi ce volcan, et par corollaire cette région de la Vallée du Grand Rift de la Mer Rouge a été baptisé selon ce terme autochtone.
Le site de Dallol (parfois surnommé Vallée de l’enfer) est l’un des endroits les plus fantastiques de la planète, faisant rêver chaque parcelle du voyageur iconoclaste qui sommeille en nous, alors que paradoxalement ce n’est que grâce à l’émission Ushuaïa que cette merveille géologique s’est laissée découvrir par le “grand public” il y a moins de dix années. Et il faut avouer que si cela n’était pour les températures exotiques de plus de 40°, l’omniprésence de l’acide ou biens des gaz mortels si on colle son nez trop près du sol, et les tensions entre les Afars et les exploitants miniers, Dallol serait l’un de ces lieux dans lequel certains aimeraient pouvoir se retrancher quelques semaines par an, juste pour porter le regard sur ce que la très vaste majorité composant l’espèce humaine ne suspecterait jamais d’avoir une existence.
Ce sont aussi bien les teintes surréalistes de jaune, de rouge, de vert et de blanc (dues au soufre, à l’oxyde de fer et aux minéraux) que les concrétions torturées et fantasmagoriques qui donnent au site cet aspect de terre extraterrestre. Aux contours du site se dressent des canyons aux motifs ancestraux parsemés sur toute leur surface de minéraux tranchant comme des rasoirs. Sur le site en lui-même, c’est la découverte d’un autre monde : fabuleuses sculptures minérales ocres qui entourent des lacs de saumure chaude, sources thermales acides aux couleurs vives extraordinaires, structures d’évaporite aux reliefs tourmentées, petites formations blanches en “papier de pierre” ou dentelle minérale, colonnes de soude et cheminées de fées de sel, autant de créations étranges et orphelines, témoins de la présence puis du retrait de la Mer Rouge sous une chaleur accablante dépourvue de tout vent. Dallol est du point de vue purement géologique rempli de concrétions absolument exceptionnelles, ce qui rend d’autant plus étonnant le fait que le volcan et son site soient si peu connus, ne faisant ni partie du patrimoine et n’ayant même pas la qualification de parc national.
Fidèle à sa réputation immémoriale de désastre pour son environnement, l’homme a apporté sa petite pierre à l’édifice : depuis 2011, ce ne sont pas moins de quatre compagnies minières qui sont présentes sur l’aire de Dallol et qui exploitent Carnalite, Sylvinite et Kainitite. Sans protection, il y a donc de fortes chances pour qu’une route reliant Dallol à Addis Abeba soit tracée, ce qui à terme mènera à une surpopulation relative et donc à la destruction du site.
Dans la série des “Lieux Exceptionnels” :
Dans la série des “Lieux Exceptionnels” :
Le Boneyard Project
Burning Man Festival 2013
C’est vrai que Dallol ne ressemble à rien de connu sur terre (en tout cas rien que je connaisse). On aurait dit des paysages extraterrestres. Mais quelle belle explosion de couleurs. C’est tout simplement hallucinant. Comment fait-on pour explorer le site ? Car il parait qu’il y a des vapeurs toxiques qui s’en dégagent.
Pour info, la plus importante de ces compagnie, BHP Billiton (n°1 mondial du minier) vient de se retirer après des mois d’echecs face à des pbs purement techniques et des pertes enormes. Cet evenement va avoir avoir des impacts locaux positifs et negatifs non negligeables…Cependant, LA compagnie la plus proche du Dallol finit son stade d’exploration et l’exploitation sera la prochaine grande etape, dans les années à venir. Il faut quand même reconnaître que l’activité miniere est aussi une aubaine pour un pays démocratique en developpement et aussi peuplé que l’Ethiopie. La zone afar reste neanmoins une zone à risques (morts et enlevements recents d’occidentaux) liée à l’independance récente de l’Erythrée. Toutes ces considérations priment sur le caractère unique du dallol…N’oublions pas tout de même qu’il est aussi unique par la ville fantome italienne d’extraction de la potasse abandonnée en 1930 qui occupe une partie du cratere. C’est une vaste zone de tôles et de metals rouillés, de voitures abandonnées, de restes de murs recouverts de concretions de sels, de morceaux de verres cassés et de moteurs dépuillés…bref un sinistre paysage!