Pas cette année. C’est promis, finies les bêtises. Vous avez passé un Noël tout en retenue, vous n’avez même pas repris de chapon. Le nouvel an s’est ensuite fait sans heurts et sans conflits gastriques. Puis vous avez achevé le dry january avec une discipline de fer.
Mais maintenant nous sommes en février. Le froid commence à s’éterniser, la nuit arrive toujours trop vite, votre vie sociale vous manque. Vos bonnes résolutions s’étiolent. À quoi bon aborder une nouvelle année avec de l’argent de côté et du temps libre quand vous pourriez la passer fauchés et couchés sous une énième vieille bagnole? Netflix, c’est bien sympa mais ça ne vaut pas une bière artisanale avec un bon ami qui sait purger un embrayage.
Et bien cher lecteur, nous sommes là pour vous. Cette petite voix qui murmure les mauvaises idées dans votre oreille qui vous reviennent toujours lors de votre premier excès de gras et d’alcool. Cette petite voix qui vous avait déjà lancé dans le défi de parcourir 50 kilomètres en Triumph, de nuit, éclairés par un téléphone portable. Cette voix qui vous avait suggéré que si, une TVR c’est tout à fait fiable, qu’il n’y-a aucun risque à acheter une Lotus sans papiers sortie d’une grange à un bout de l’Europe.
Pour votre plaisir, nous avons donc découpé notre sélection en trois catégories:
Les déboires classiques, des années 50-60 et début 70, qui représentent aujourd’hui une source de tracas connue, sans gros risque.
Les nouveaux emmerdes, datant de la fin 70 jusqu’à mi-90, qui sont une perpétuelle source de nouveauté et de découverte.
Les déceptions du futur, post-90’s, qui vous réservent un bon nombre de surprises restant à découvrir.
Nous allons ici les approcher de manière succincte, mais dans les semaines à venir, chacune fera l’objet d’un article détaillé.
Les déboires classiques
Porsche 924
Tout le monde a un avis sur les PMA. Rappelez-vous, avant que Porsche ne soit un constructeur de SUV la marque se reposait sur un modèle unique: La Porsche 911. Tout ce qu’elle mettait sur le marché qui n’était pas une 911 était considéré comme indigne. Bien entendu, la 924 avec son 4 cylindres plébéien placé injustement à l’avant de l’auto en a aussi fait les frais.
Bien dessinée, bien construite et bien conçue, cette 924 ne pêche finalement que par son blason. Elle aurait été badgée Alfa Romeo, elle vaudrait aujourd’hui le double de son prix. Qui tourne entre 6 et 15 000 € pour un modèle standard, si vous le demandiez.
Sunbeam Alpine
LA première voiture de James Bond, dites cela au premier quidam qui bigle votre charrette et vous serez certains d’avoir son attention. Car hormis cela, la Sunbeam Alpine a toujours été éclipsée par ses consoeurs MGB, Spitfire et TR4, au point de sombrer dans l’oubli. Pourtant, tout n’est pas à jeter. Sunbeam voulait une proposition plus subtile afin de se démarquer. Ainsi, moins sportive mais plus confortable, elle compensait ses lacunes en vitesse par un habitacle plus cossu pouvant accueillir quatre occupants.
C’est une auto facile à vivre, son seul gros point noir résidant dans sa structure monocoque, bien entendu sujette à la corrosion. Aujourd’hui on trouve encore des Alpine correctes en France pour 8 000 € tandis que les plus beaux exemplaires peuvent monter à 20 000 €.
Chevrolet Corvette C3
C’est inné: lorsqu’un fan de Johnny entend le glouglou d’un V8, il accourt. Et c’est malheureusement ce qui peut desservir cette auto. Car dans une livrée sobre, avec un équipement strictement d’origine, la Corvette de troisième génération sait se faire humble. Dommage que les dernières séries affichent une cylindrée stupide pour une puissance ridicule (5,7L pour 167 chevaux sur la pire année du L48).
Avec des mécaniques fiables et une construction robuste, c’est encore une fois la rouille du châssis qu’il faut traquer. Ensuite, concentrez-vous sur la carrosserie. Bien que la fibre soit épaisse, elle peut montrer des traces d’usures assez compliquées à réparer. Une C3 se trouve à partir de 20 000 € et de beaux modèles peuvent monter jusqu’à 50 000 €.
Citroën SM
Il serait faux de penser que le marché automobile a sanctionné la SM uniquement pour la bizarrerie de son design. C’était avant tout son caractère qui posait problème: monter un moteur de voiture de course dans un coupé grand tourisme était dans les années 70 une idée qui avait déjà fait son temps. Mais c’est aussi ce qui fait tout son intérêt aujourd’hui. La SM commence à revenir au devant de la scène. Un beau modèle se trouve désormais autour de 35 000 €.
Daimler SP250
C’est malheureusement ce que l’on dit du petit dernier, qui ne semble pas avoir été colorié jusqu’au bord: tu sais, il est pas très photogénique. Nous étions aux préquels de l’application de la fibre de verre aux véhicules de grande série. Les contraintes techniques de ce matériaux ont conduit les designers de Daimler à adopter un design… Radical. On appellera volontiers cela du caractère. Et cette petite auto en regorge. En premier lieu, son petit V8 qui chante par les deux mégaphones pendus à l’arrière. La conduite ensuite, mélange de sportive anglaise et de hot-rod à la Ed Roth. Enfin, cet intérieur, tout simplement somptueux. La SP250 se voulait rivaliser avec une Type E et elle n’en est pas si loin, si vous lui pardonnez sa mauvaise gueule. Comptez 25 à 60 000 € pour un exemplaire utilisable.
Ferrari 250 GTE
Deux, Cent, Cinquante. Trois chiffres qui, mis bout à bout et dans cet ordre précis titillent le lobe parasympathique de tout amateur d’automobiles, engendrant inéluctablement une hypersalivation. Parce-que, il y’a une sorte de hiérarchie dans l’automobile. Chaque marque a proposé un modèle emblématique: 911, Type E, 205, Golf, etc… Et le modèle légendaire de la marque légendaire, c’est la 250. Et bien le GTE est la mal aimée de la famille. Moins sportive qu’une GT SWB, moins luxueuse qu’une Lusso, moins jolie qu’une GT, elle subit son arrière allongé pour contenir 4 occupants et son passé coupable de voiture policière. Résultat, il est possible d’acheter une Ferrari 250 GTE pour 270 000 € quand toutes les autres 250 dépassent aujourd’hui le million d’euros.
Les nouveaux emmerdes
Chrysler LeBaron
Et bien oui. On peut raffoler des vins de Stéphane Ogier et se régaler avec une quille de Lambrusco de temps à autre. Phares pop-in, calandre chromée, cuirs et plastiques à profusion, la LeBaron n’a pas de pacotille que son titre. Mais c’est un cabriolet qui se trouve facilement à partir de 4 000 € et qui utilise des mécaniques suffisantes pour envisager de longs trajets à l’américaine: pas trop stressés.
Volvo 480
Le temps pardonne… mais il laisse des traces. Les deux tiers des Volvo 480 roulant aujourd’hui ont encore un peu de la végétation accumulée sous leurs capot durant les 10 années passées dans une décharge varoise car absolument personne n’en voulait. Il en reste aujourd’hui une bonne GT, confortable et fiable dont la ligne vieillit agréablement. Comptez 1 000 € pour une auto roulante et jusqu’à 10 000 € pour une jolie Turbo peu kilométrée.
Lotus Elan M100
La maudite traction au moteur japonais a aujourd’hui le mérite de faire se retourner tous les passants. Sa ligne ultra particulière a somptueusement vieilli. Pas moins fiable qu’une autre Lotus, légère, vive et confortable, la M100 se révèle aujourd’hui beaucoup moins fade que sa concurrente d’alors: la Mazda MX5. Et la côte s’en ressent. Les premiers prix tournent autour de 10 000 € et peuvent monter jusqu’à 25 000 € pour une rare S2.
Alfa Romeo Spider Aerodinamica
Osso di Secca. Mais d’où vient cette idée? Avec sa forme convexe et ses longs porte-à-faux, le long spider Alfa n’est pas des plus photogéniques mais il sait distiller ses charmes avec subtilité. De toute la série, c’est celui-ci qui se retrouve à la traine. Pourtant la voiture n’est pas si cauchemardesque: la série 3 est moins sensible à la rouille, dispose d’un châssis plus rigide et d’une injection relativement fiable. Elle se trouve entre 12 et 20 000 € selon l’état.
Les déceptions du futur
Mazda MX5 NB
Peu ont gagné le coeur des amateurs au point d’hériter d’un surnom communément reconnu. Mais la MX5 était la bonne voiture, arrivée au bon moment et accessible à tout le monde. Elle a même bénéficié de la gloire du jeu Gran Turismo sans devenir inaccessible comme toutes ses consoeurs. Tandis que la NA est devenue inaccessible, la NB a su garder une côte accessible, tout en bénéficiant d’un châssis plus rigoureux et d’un intérieur plus avenant. Comptez 500 balles pour une poubelle en conduite à droite qui vous emmènera au bout du monde et 5 000 € pour une version française propre.
Fiat Barchetta
Les Français n’aiment pas les Fiat. Et la jolie Barchetta n’y a pas échappé. Face à une rigoureuse propulsion japonaise, l’indigente barquette italienne et ses dessous de Punto sportive avaient peu de chance de rivaliser. Pourtant, elle regorge de caractère. Sa ligne a magnifiquement traversé les décennies et l’assemblage est toujours aussi stupéfiant: il n’y a aucun joint de l’avant à l’arrière. Puis on monte à bord. Si tout semble pété dedans, sachez que c’est comme ça qu’elles sortaient d’usine. En termes d’accastillage, une Lada Natasha ne faisait pas pire. Heureusement la Barchetta se rattrape sur la route. L’ensemble châssis/moteur fait preuve d’une vivacité capable d’égaler la MX5. Elle se trouve aujourd’hui entre 5 et 10 000 €.
Toyota Celica TS
Pas de version 4×4, pas de turbo, aucun succès en rallye… La dernière Celica est sortie par la petite porte, tout discrètement. Pourtant, c’est une des meilleures de la lignée. Simple, agile, maniable, elle est mue par le fameux Touzizi, conçu en partenariat avec Yamaha et capable de plus de 8000 tours minutes. C’est aussi son seul point faible. Cette mécanique légendaire doit être entretenue avec soin pour vous faire profiter de son incroyable sonorité. Comptez entre 5 et 10 000 € pour un exemplaire sain.
Peugeot 306 S16
Avec l’engouement que connaissent les 205 et 106 sportives, il devient bien difficile de trouver une petite compacte sportive agréable et utilisable au quotidien. Avant de devoir succomber à la 206 S16 et son ignoble position de conduite, il reste encore la 306 S16. Extrêmement bien suspendue, mue par un moteur rageur, fiable et encore accessible, c’est certainement la dernière GTI « analogique » du marché. Comptez entre 5 et 12 000 € pour un bon exemplaire. Le même budget en Angleterre vous permettra d’accéder à la version Rallye, une S16 sous-équipée mais avec de jolis stickers.
Alfa Romeo GTV 916
Les Français n’aiment pas les Fiat… par contre ils adorent les Alfa Romeo. Pourtant, la 916 a reçu un accueil mitigé: sa traction rebutait et sa ligne signée Pininfarina surprenait. Si le châssis manque en effet légèrement d’agilité, son design a magnifiquement vieilli. Il en est de même à l’intérieur ou le pilote retrouvera des sièges de F355 et un tableau de bord simple et joliment dessiné. Le large choix de mécaniques rend la 916 adaptable à tous les usages. Plutôt fiable et bien construite, le seul défaut de la GTV est sa tendance à l’auto-immolation, comme de nombreuses Alfa de cette époque. Comptez entre 4 et 22 000 € selon les moteurs et les séries. Pour une jolie série 1 V6, un budget de 12 000 € vous offrira déjà beaucoup de choix.
Cette liste n’était pas exhaustive, vous-vous en doutez. Notre sélection s’est portée sur des autos qui restent encore accessibles au regard de leurs état et de leurs usage. Bien entendu, chacune de ces autos fera l’objet d’un article détaillé dans les semaines à venir. N’hésitez pas à nous faire part de vos remarques en commentaires.
Il est vrai que les français n’aiment pas les FIAT.
Enfin, pas tous ou alors c’est que j’ai une passion pour les causes perdues.
Amateur de voitures originales, j’ai et a eu 4 FIAT dont un Multipla (oui monsieur, je n’ai honte de rien) et 2 jaguars (dont une en panne, normal!).
Une Barchetta trône dans le garage et sert de daily pour Madame.
C’est une voiture attachante, sympathique, rigolote et joyeuse. Lors d’un road-trip en Italie, la bombinette se faisait remarquer avec sa livrée grise et son intérieur cuir rouge.
Alors, pour les déboires, les pièces sont des fois (vraiment) introuvables, le moteur rempli trop le compartiment ( les doigts de fée sont une option que je ne trouvais pas utile… avant) et quand un camion nous colle les fesses, ça ne nous laisse pas trop le temps d’écrire notre testament.
Les plastiques sont fragiles ? Mon conseil est : touche pas à ça, p’tit con!!!
Pour les avantages, ben c’est un cabriolet!
On peut se la jouer cruising, bord de mer, lunettes de soleil et sourire séducteur dans une voiture originale et tellement plus rare qu’une vulgaire porsche ou une banale 206 SW. Elle reprend sur un filet de gaz, le 1800 atmo est souple au possible, la boîte bien étagée et le confort très acceptable même si on fait 1m90 comme moi.
Son terrain de chasse se trouve naturellement sur les petites routes et les cols de montagne. Elle vire à plat, enchaîne les virages avec brio et quand elle prend 4000 tours, elle se dévoile coquine qui aime bien les coups de cravache (ça doit être un effet secondaire du cuir rouge!) et le tableau de bord invite à la relance.
Usine à sensations, elle attire l’œil du béotien et du conducteur de SUV électrique en comblant leur manque de goût automobilistique.
Plus exclusive qu’une MX-5 avec moins de 20 000 exemplaires sur 10 ans, en trouver une n’est pas difficile mais la cote monte doucement.
Merci pour ce commentaire!
Plus jeune, je snobais cette voiture: Une sportive, roadster, TRACTION?! Je crois que je n’avais alors même pas le permis.
Force est de constater qu’elle propose une jolie ligne, soigneusement exécutée dans la tradition des carrosseries italienne et que… l’ensemble chassis moteur est plus que convaincant: volontaire, équilibrée, c’est une auto très amusante.
Bravo pour votre choix!
Merci pour ces belles propositions. 2 précisions sur la NB que je possède : elle rouille rien qu’en la regardant (longerons et ailes arrières en particulier) et malheureusement on est plutôt à 7000€ aujurd’hui
Bonjour,
Vous avez raison, les NB ont tendance à rouiller, et comme toutes les voitures cool, la côte s’envole.
La 944 cabriolet est à considérer, elle est moins moche que le coupé ( mais pas belle sous tous les angles ) et marche très bien comme toute bonne allemande. Elle est très sobre malgré son gros quatre cylindres. Elle n’est pas si chère mais l’entretien peut être élevé si gros problème ( il y en a rarement c’est un tank ). Et personne ne sait ce que c’est ( c’est rigolo mais c’est le problème à la revente bien que sa cote ait augmenté ces dernières années ).
Merci pour votre commentaire!
En effet, la 944 en version cab est une excellente auto. Je ne suis pas convaincu que son prix bouge beaucoup pour le moment. Par contre, il est certain que sur du long terme, elle représentera un investissement judicieux. Et entre temps, que de plaisir. J’ai eu l’occasion d’en tester une. N’étant pas un Porschiste convaincu, j’y ai retrouvé un bon compromis Sport/GT, avec une aisance de conduite surprenante.
Très bon conseils je cherchaient une liste comme ça