Vous roulez avec cet étrange (mais beau) break de chasse qu’est la Reliant Scimitar, car vous avez lu notre article sur auto-reverse, mais surtout, parceque vous êtes cultivés et vous avez du goût. Seulement, vous trouvez votre auto trop commune: il ne vous est pas concevable de posséder une voiture dont au moins 5 ou 6 exemplaires se baladent librement sur les routes françaises. Ne paniquez pas, Auto-reverse a la solution: voici la passionnante, mais courte, histoire de Gilbern.
Gilbern est une petite officine anglaise, dont la durée de vie totale a été inférieure à celle d’un jeu de rupteurs sur une MG B GT…
Crée en 1960 par Bernhard Friese, un ingénieur Allemand spécialisé dans la fibre et Giles Smith… boucher, Gilbern lance une automobile récupérant la base mécanique d’une MG A puis MG B dès 1962. 202 exemplaires de cette jolie GT seront produit. L’ensemble est un mélange de Simca 8 sport, de DB2 et de Bristol 406. Elle est disponible assemblée ou en kit, elle reçoit un accueil positif de la presse grâce à son châssis éprouvé et son poids de 826 kgs.
Sa remplaçante paraîtra en 1968: la Gilbern Génie. Propulsé par un V6 Ford en 2,5 litres ou 3 litres, l’ensemble repose sur un train avant de Healey, guidé par une direction de MG B. Plus lourde (965 Kgs), plus longue, plus large, plus cossue, la Génie sera aussi plus véloce.
En manque de trésorerie, Giles et Bernard cèdent leur entreprise en 1968 à la famille Collins. Bernard y restera encore quelques temps, du moins, le temps nécessaire à mettre au point l’évolution de la Génie, l’Invader. Parue en 1969, elle reprend sa ligne et sa base mécanique, sur un châssis amélioré mais cependant, décrié par la presse, elle conduira Gilbern à proposer en 1971 la Invader MKII au comportement revu et à l’empattement allongé.
La version Estate, notre préférée, est lancée cette même année. La ligne et l’esprit de cette auto sont une sorte de Bristol light. Rare, légère, puissante et plutôt correctement assemblée. L’auto présente une allure étrange, mais l’allongement lui sied plutôt bien. Conséquence d’un prix élevé (équivalent d’un Jaguar Xj6 ou d’une BMW 2002), les Gilbern sont rares. Seulement 9 ont été produits en conduite « continentale » importés par un concessionnaire en Hollande.
A partir de 1973 et jusqu’à la fin de la production, la Invader sera construite sur une base entièrement Ford, ce qui fiabilisera son comportement. Sa ligne évoluera profondément avec une calandre affinée et des passages d’ailes renflés. Bizarrement, partie d’une ligne inspirée des Jensen, la Gilbern en se modernisant tendra à ressembler à une Ford Escort…
Après quelques égarements comme l’étude d’une Invader MKIV et d’un coupé deux places à moteur central d’Austin Maxi, Gilbern mettra la clé sous la porte en 1979 enchaînant les tentatives de redressement plus ou moins courageuses.
La fin des 70’s est de toute façon une période noire pour l’industrie anglaise. Nombre de ces petits constructeurs y laisseront leurs plumes. Ceux qui survivront y parviendront au prix d’un conservatisme technologique qui causera leur perte dans les années 80 ou 90.
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Voici la production totale de la marque:
GT 202
Genie 197
Invader MkI 78
Invader MkII 212
Invader MkII Estate 104
Invader MkIII 212
Total 1,005
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Tandis que la Scimitar était fabriquée (à la main) à Tamworth, dans le Staffordshire, la Gilbern était elle une vraie voiture du Pays de Galle comme l’indique son emblème reprenant le blason régional. La Gilbern est une voiture très attirante (particulièrement en version break) le seul problème est qu’il y a beaucoup moins d’exemplaires disponibles sur le marché de l’occasion que la Scimitar qui souffre, elle, d’une cote basse et peut se dénicher assez facilement…Par contre, toutes deux partagent un Essex V6 3 L solide et plein de couple et une coque en fibre, gros avantages quand on a un budget restreint et qu’on souhaite rouler en anglaise le plus souvent possible.
Eric, qui roule en Scimitar GTE se5 (1971)
Bonjour Eric,
Merci pour ce commentaire!
J’ai récemment vu une Gilbern à vendre pour un tarif encore assez accessible. Par contre, pour ma part j’en suis un peu revenu des carrosseries en fibre. Ce n’est pas si facile que cela à vivre, surtout lorsqu’elles ont été fabriquées par un petit constructeur avec des process qualité aléatoires.