* Attention: Le contenu hautement journalistique que vous vous apprêtez à lire fait preuve d’une rare forme de subjectivité partiellement justifiée par la passion de l’auteur pour certaines bizarreries anglaises.
Une Caterham. C’était le projet initial. Une Locust en fait. Après avoir potassé le livre de Chris Gibbs, acheté un nez en fibre, accumulé des tonnes de tubes de ferraille et une Ford Sierra Twin Cam, il est apparu évident qu’acheter une Caterham serait plus simple que d’en produire une. De longs mois de recherches s’en suivirent.
Le temps passant, la motivation décrut… L’achat d’automobile de collection a ceci de particulier qu’il ne cherche pas à répondre à un besoin déterminé.
Vous avez besoin de transporter votre famille? Vous achetez un break. Vous devez faire une randonnée? Vous achetez une paire de All Stars puis galérez avec style. Mais une voiture de collection? Ce n’est qu’un caprice.
Le besoin d’une barquette en tubes de tabouret recouverte de papier aluminium* ne fait partie d’aucun cahier des charges légitime.
L’acheteur de voiture anciennes est un enfant de trois ans dans un magasin de bonbon: Couleur après couleur, forme après forme, il change de dessein. Ainsi lorsque cette voiture trouvée dans une grange du Maryland a pointé son nez, elle était le plus gros bonbon du magasin. Elle fit oublier tous les autres. Soudain cette auto était devenue la plus indispensable de toutes.
Telle une capsule temporelle, elle est restée dans cette grange entre 1972 et 2016, soit 44 ans. Lorsqu’elle est sortie, elle a été restaurée à neuf mais sans toucher à sa carrosserie qui n’avait jamais été repeinte ni mastiquée.
C’est une MG TD de 1953. L’histoire complète de la marque MG vous est comptée ici et là. Pour faire court, elle est la dernière descendante d’une longue lignée de petites autos destinées au Trial -une sorte de d’épreuve de rallye typiquement anglaise que vous ne pratiquerez jamais par ici-, elle est surtout née de la nécessité de faire rentrer grave de fraîche dans les caisses du groupe Nufield. Et quoi de mieux que d’aller la chercher de l’autre côté de l’atlantique en séduisant les charmants G.I. qui ont gardé de si bons souvenirs des petites sportives anglaises?
La suite vous la connaissez aussi: Appétit des Américains pour les petites Anglaises, TF, A, Midget, B, une longue série de voitures de sport abordables et mémorables.
La MG TD est-elle à la hauteur de sa descendance?
Commençons par le « design »…
Présentée en 1950, elle sera le modèle le plus vendu de la série avec plus de 30 000 exemplaires. Le plus fort des ventes étant en 1952, juste avant la commercialisation de l’Austin Healey 100 et la Triumph TR2 qui vont la surpasser sur tous les plans: Design, performances et… prix.
Lorsqu’on tourne autour, il est difficile de lui donner un âge. La TD ressemblerait presque à un petit hot rod: les jantes tôle de 15 pouces et les ailes enveloppantes contrastent avec le reste d’une auto dont le dessin remonte aux années 30.
La marque a toujours eu une approche essentialiste du design, rien n’est là par hasard. La calandre reprend la tradition esthétique des Midgets remontant aux années 30. Les marche-pieds sont suffisamment solides pour pouvoir monter dessus dans les épreuves de Trial, les portes sont échancrées pour bien voir le terrain , l’arrière est constitué par un réservoir apparent et un support de roue de secours. Simple.
Et c’est certainement cela qui la rend attachante. Comme une vieille Lip Himalaya, elle a traversé les époques sur divers poignets, jamais branchée mais toujours plaisante. Le temps a glissé dessus en laissant ses marques, mais elle est toujours là et a toujours du sens.
L’intérieur ne peut pas davantage laisser indifférent. La planche de bord habillée de rexine suit la courbure des deux saute-vent. Elle abrite en son centre une platine anodisée regroupant l’essentiel des commandes de la voiture: phares, contact, klaxon, le compteur double de température d’eau / pression d’huile (vu sur bon nombre d’autres Anglaises) et l’ampèremètre. La TD n’est pas équipée de jauge, elle dispose d’un voyant de réserve et d’un grand stick en bois gradué fourni par Castorama.
Derrière le grand volant à quatre branches se trouvent le compte tours, le compteur de vitesse et une horloge, tous mécaniques.
Les portes garnies de cuir disposent de vides poches pouvant contenir au moins une feuille A4. Chose étonnante, les sièges passager et conducteur disposent d’assises séparées réglables, mais d’un seul dossier…
Pour reculer un des sièges, conducteur et passager doivent donc se secouer simultanément, d’avant en arrière, la main entre les jambes pour tenir le levier de réglage. Quelque chose qu’il est recommandé de faire dans un endroit plutôt discret…
Au volant!
Lorsqu’il faut se mettre derrière le volant d’un « tacot », la circonspection est souvent de mise. Entre une boite rétive, des performances limitées et une fiabilité mécanique aléatoire, ces vieilles machines enthousiasment assez peu les amateurs de conduite.
Et ce n’est pas la fiche technique qui fera changer d’avis: 54 chevaux, 840 kgs, 0 à 100 en 18,6 secondes pour une vitesse maxi de 127 km/h. Ce n’était pas à proprement parler… rapide, une Peugeot 203 contemporaine lui rendait à peine une seconde au 0 à 100…
Capote en place (le premier propriétaire n’a pas opté pour l’option chauffage…), les petites portes suicide rendent l’accès à bord assez acrobatique: il faut se plier en deux, pointer le fessier vers un siège que l’on devine tout en évitant l’immense volant qui prend toute la place à bord.
La largeur pour deux est comptée. Le genou de votre copilote peut facilement vous servir d’accoudoir. Hormis cela, le conducteur est assis bas, jambes tendues. Le volant très vertical est positionné près du buste. L’espace pour les pieds est étonnamment large pour une auto de cette époque, les pédales le sont beaucoup moins: Les deux petites pédales de frein et d’embrayage sont actionnées par le bas tandis que l’accélérateur est une bille en bois articulée par le haut. Le moteur, monté assez rigide, est relié a l’accélérateur par une tringlerie qui répercute dans la pédale chaque hoquet ou cahot. A rythme soutenu cette fichue bille de bois vient chatouiller la voute plantaire du conducteur pour lui rappeler que l’automobile a fait de grands progrès dans certains domaines quasi insoupçonnables.
L’embrayage manque totalement de progressivité. Il fait écho à la boite de vitesse avec perfection: oubliez les passages à la volée, ici, il faut prendre le temps de décomposer chaque rapport afin de ne pas courroucer la pignonnerie.
Enfin, les freins, comme pour toute ancienne, ne sont pas assistés. Ils demandent à la fois determination et circonspection.
La voiture s’élance sur un filet de gaz. Le premier rapport est court, le moteur coupleux et le poids à emporter relativement modeste. Après une demi-heure de lutte, la seconde est passée. Courte elle aussi. Troisième. Beaucoup plus longue. Now we’re talking! On doit avoisiner les 70, la réponse à l’accélérateur est toujours étonnamment vive.
La direction s’est allégée et se montre assez communicative même si l’on ressent une certaine inertie. La voiture enchaîne les virages avec une belle neutralité: L’avant se cale sur sa trajectoire, l’arrière suit avec un léger flottement. Brusquez-le, il entamera une légère dérive qui se rattrape en contrebraquant. Encore une fois, il faudra être modeste: ce ne sont pas les 54 chevaux qui vont vous autoriser à drifter comme un âne.
A la moindre ligne droite, le quatrième rapport lui confère une allonge étonnante. Tandis que la suspension absorbe assez bien les irrégularités, les passagers sont bercés par le bruit rond et sourd du 4 cylindres, lovés dans ses sièges en cuir vert, vous profitez du paysage complètement ouvert à vous. Les deux « immenses » ailes, le petit capot et ses deux phares chromés qui scrutent la route… L’auto vous révèle son vrai caractère: Comme ses soeurs MGA et MGB, la petite TD est une grand tourisme.
Vous voulez davantage de sensations? En desserrant deux vis papillon, le pare-brise peut lui aussi s’éclipser. C’est ainsi que l’auto est dans sa configuration VMAX.
Théoriquement cela semble amusant. Au volant pas du tout. A partir de 50 km/h, la vision se trouble, l’oreille n’entend plus que des turbulences, la respiration devient difficile…
Bien assis, les occupants se laissent rapidement porter par cette petite machine, elle les laisse vivre un moment intense tout en sachant se rendre facile et efficace. C’est une formidable compagne de voyage. Suffisamment complexe à manier pour susciter l’intérêt et résolument honnête pour ne jamais provoquer la peur.
Acheter une MG TD
La MG TD n’est pas particulièrement rare. On en trouve toujours une dizaine à vendre, dans divers états. Les prix du marché vont de 18 à 35 000 €.
Posées sur un châssis solide, plutôt bien fabriquées, elles sont peu sujettes à la corrosion. Il faudra cependant surveiller avec attention l’état de la structure en bois qui prend du jeu avec le temps et demande un démontage complet de l’auto pour la restaurer. Les prix les plus bas permettent d’accéder à des autos souvent modifiées, allant d’un intérieur simplifié à un remplacement complet de la mécanique pur quelque chose de plus moderne (en général un moteur de MGB).
Avoisinant les 70 ans, ce sont des autos qui sont déjà au moins passé une fois par la case restauration. Si les TD n’ont jamais été des voitures cheap, il faudra toutefois bien surveiller la qualité de cette restauration: la plupart proviennent des USA et nombre d’entre elles ont juste reçu un coup de mastic histoire de bien présenter.
Enfin, comme d’habitude, privilégiez une voiture complète et d’origine: la plupart des pièces se trouvent facilement mais sont coûteuses. Un XPAG refait vous allègera de 7 000 €, une capote complète reviendra à 2 500 €.
Certes, la MG TD n’a pas la vivacité d’une Midget 1275. Elle n’égale pas non plus le confort ou les accélérations d’une MGB. Mais à son volant, on ressent l’ADN de la marque: position de conduite parfaite*, rigueur de l’assemblage*… Et la TD a son propre caractère. Sa conduite est plus engageante, les sensations exacerbées.
La voiture de collection est à un tournant. Les bouleversements actuels vont avoir une influence sur la pratique de ce loisir. Les villes deviennent de moins en moins praticables, les ZFE s’étendent, le télétravail se répand… On va de moins en moins demander à nos anciennes d’être pratiques et confortables pour pouvoir les utiliser le plus souvent possible. Elles devront se montrer plus intenses, capables de prodiguer un maximum de sensations et de dépaysement dans un délai court: une matinée par ci, une petite heure par là… Avec son look décalé et sa conception à cheval sur deux époques, la MG TD affiche cette belle polyvalence qui enchante une promenade dans l’arrière pays tout en traversant les embouteillages du centre-ville.
Non, une capote c’est 400 euros !! et facile à poser ….la vitesse est de 110 km h maxi , le rapport de pont ar étant lamentablement trop court !! …. vitesse à 3000 tr en 4 eme…..66 km h ….c(est peu ….
Bonjour,
Merci pour votre commentaire. navré de vous contredire, mais la capote ne vaut pas 400 €. Ou que vous regardiez, le modèle d’origine en toile, dépasse les 1000 €. A cela, il faut ajouter les arceaux, les side screens et leurs supports. En effet, la capote est facile à poser. Les side screens, un peu moins mais cela reste acceptable.
Concernant la vitesse de pointe, je ne vais pas vous mentir, je n’ai jamais essayé 🙂
Merci pour votre réponse , mais chez MOSS , la capote d’origine ,en toile tabac , est à 774 euros !!
Et c’est fort dommage que vous n’ayez pas essayé la voiture ,comme toutes les anglaises de cette époque , rapports de pont arrière trop courts ,les proprios démarraient en seconde ….
Bonjour,
Je vous remercie pour votre commentaire.
Dans le chapitre Au Volant, nous abordons en effet les rapports de boite, entre autres. J’ai passé pas mal de temps au volant de cette auto puisque c’est ma voiture :-). Par contre, je n’ai pas l’impression qu’elle plafonne à 110, puisque j’ai déjà roulé à cette vitesse sans sentir que l’auto arrivait à bout de souffle. A vue de nez, je dirait qu’elle doit pourvoir arriver à 130.
Le tarif de 2500 € évoqué pour la capote correspond à un kit complet de bonne facture, c’est à dire l’armature, l’armature des side-screen ainsi que la toile. En effet, la toile chez Moss est vendue dans les 700€. Pour 200 Euros de plus, j’ai acheté la mienne chez NTG, de bien meilleure qualité. La plupart des personnes qui ont monté la capote Moss se sont plaintes de coupe.
Bien cordialement,
Hugo
Tout à fait d’accord, 110 en mg td est un exploit, pour moi sa vitesse raisonnable est de 75 km/h. Pour avoir voyagé par mal avec elle, les longs trajets ne sont pas fatiguant, et puis les voyages par les départementales, c’est une autre époque.
Apprendre à prendre son temps, c’est super.
Alors…
Pour mettre un peu tout le monde d’accord, j’ai essayé. Mon compteur affiche, a fond de cale, 80 Mph et un régime avoisinant les 5000 trs. Il n’y a rien plus a lui demander à cette allure.
Par contre, le compteur est extrêmement optimiste. Je pense que cela donne un bon 110 en réel.
Pour conclure, vous avez raison, c’est une auto qui se conduit à son allure, et c’est là qu’on en profite le plus.