Mais l’hiver arrive. Toute passion saine doit avoir des limites: vous ressemblez à David Douillet portant un slip de bain en taille 38 maintenant que vous devez vous enchâsser avec votre doudoune dans le cockpit étroit de votre voiture pour palier à son manque de chauffage chronique…
Vous commencez à vous dire que votre compagne vous est hostile : votre tube de dentifrice n’a peut être pas été inversé avec la crème Sédorrhoïde de votre beau père par hasard, vos bas de pantalons n’ont peut être pas raccourci spontanément. Peut être vous en veut-elle vraiment que vous continuiez à la faire rouler dans ce suppositoire qui la douche d’eau glacée à chaque virage, peut être conserve t’elle une certaine rancune envers vous pour la tâche d’huile de boite sur son nouveau sac en daim, tout simplement en a-t-elle assez de faire les courses toutes les semaines parce que votre coffre est trop petit.
.
« Rendez vous à l’évidence: une fois la douce chaleur de l’été passée,
rien ne peut plus excuser votre obstination à rouler dans cette voiture »
.
Pour l’harmonie de votre foyer, il est temps de songer à acheter uneJ’ai vu votre grimace.
Vous redoutez cette sensation de rouler assis dans un canapé en velours Conforama, vous imaginez votre tête aussi grise que cette traction diesel que vous conduisez, vous vous demandez pourquoi ces portières plus hautes que larges ont été conçues pour vous donner la désagréable sensation de conduire assis sur les genoux de votre passager arrière, vous pleurez à l’idée de devoir endiguer un sous virage chronique à chaque inflexion du volant: bref, vous rechignez à l’idée d’acheter une berline Allemande. Voici quatre berlines d’une époque ou les voitures allemandes étaient des petites populaires bossues qui faisaient des tonneaux quand on les brusquait trop.
.
Rover P6: La Fusée
Version routière d’une voiture à turbine, la P6 est en fin de vie en 1974. Sur les routes depuis 1963, la voiture est pourtant toujours à l’avant garde : Freinage à quatre disques et suspension à ressorts horizontaux (un peu comme sur les F1 aujourd’hui) qui avait pour objectif de faire de la place dans le compartiment moteur pour la turbine, elle est aussi étonnement compacte pour son niveau de prestige. Rover souhaitait prouver qu’une berline à 4 cylindres peut rivaliser en confort et en performances avec une XJ6. Même si le marché ne fera jamais de fleur à la P6, elle aura au moins un succès d’estime: en 1964 elle est la première auto à être élue voiture de l’année. Avis aux mauvaises langues, sachez que ce qui l’a distinguée par rapport à sa « challenger » la Mercedes 600 Pullman, c’est sa qualité de fabrication.
Le design est étonnant: l’avant est extrêmement fin et léger la calandre est assez haute tandis que l’ensemble des lignes fuient vers le bas à l’arrière de l’auto. Ainsi, alors que les roues avant sont très dégagées, celles de derrière disparaissent presque sous la volumineuse carrosserie.
Certes, la voiture a des défauts. Tout d’abord, compte tenu de ses aspiration élitistes, la P6 est petite. Ensuite, sa suspension arrière encombre une grosse partie de son coffre, pour voyager à quatre, il faut opter pour la roue de secours posée sur le coffre.
Si elle libère de la place à l’intérieur de ce dernier, elle vous en condamne cependant l’accès en pesant lourdement sur son ouverture.
Enfin, dernier défaut et non le moindre, la Rover P6 est un veau.
Quand la majeure partie de la flotte automobile peinait à dépasser les 110, tenir une moyenne de 130 vous positionnait au dessus du lot, mais notre belle P6 avec tout son cuir et sa ligne de fusée arrive à peine à tenir les 160 en faisant un 0 à 100 en 18 secondes…
Comme de nombreuses autos brillamment conçues, l’argent à manqué pour finaliser le projet: le flat four initial n’a jamais vu le jour. Conscient de ce défaut, Rover corrigera petit à petit le tir. Par la 2000 « TC » tout d’abord, qui se distingue de la Rover 2000 par ses Twin Carburetors, 173 km/H et 0-100 en 12 secondes, puis, la V8 3500 qui monte à 183 Km/H, accélère jusqu’à 100 km/h en 10 secondes, il trouve sa place sous le capot en y moulant ses deux couvres culasse. En 1970, le 4 cylindres de la série II gagnera 200CC3, quelques dixièmes de secondes au 0-100 et une belle calandre en plastique symbole de la décadence consumériste naissante.
Pourquoi il vous en faut une?
Ses carburateurs Skinners Union ont deux avantages: combinés aux moteurs longue course, permettent une consommation modérée avec un couple confortable et ils énervent les garagistes.
Son intérieur est loin de l’image d’Épinal de l’anglaise typique: la planche de bord est minimaliste et rectangulaire, un fin bandeau de bois en dessine la partie haute. Le tout respire le luxe 70’s et l’élégance, et finalement, se rapproche énormément du dessin de la toute dernière XJ.
Bien que lente, vous avez entre les mains une propulsion de 1200 kgs, maniable, légère, qui prend du roulis comme un anglaise des années 60 mais avec une tenue de route sûre, équilibrée et confortable.
Elle n’est pas difficile à trouver (322 000 exemplaires) et n’est pas trop cotée sur le marché de la collection, on trouve une bonne P6 pour moins de 3500 Euros.
Dépêchez vous, ça ne durera pas!
Côte: 3 500 € // Solution alternative: Rover SD1
.
.
.
Peugeot 604: La France 70’s
Peugeot choisit de bon alliés: Pininfarina, Paul Bracq. Beaucoup plus conservatrice que ses deux concurrentes Françaises, la R30 et la CX, la 604 est une berline élégante dont les volumes sont inspirés des berlines Allemandes qui lui sont contemporaines.
A l’intérieur, l’équipement est riche: 4 vitres électriques, verrouillage centralisé, cuir… Le tableau de bord reprend l’ambiance globale: simplicité et lignes tendues.
Mécaniquement, la voiture est courageuse: en pleine crise pétrolière, Peugeot ne la propose au départ qu’avec un V6 essence de 2,6 litres: le gourmand PRV.
Propulsion de 1400 kgs, la 604 est proposée avec quatre roues indépendantes et quatre freins à disques. La voiture évoluera beaucoup au cours de sa carrière, adoptant une boite 5 vitesses, l’injection et même un turbo diesel. 150 000 exemplaires sortiront des chaînes. En comparaison, 1 100 000 Cx seront produites!
Pourquoi il vous en faut une?
L’auto est impériale sur la route, la suspension filtre parfaitement les irrégularités, les sièges typiques des voitures françaises de cette époque, c’est à dire mous, prodiguent un confort à toute épreuve tandis que les 136 chevaux du V6 propulsent l’ensemble à 180 km/H. A l’instar d’une italienne 60’s, elles rouillent à vue d’oeil. La côte commence à frémir, de beaux exemplaires partent maintenant autour de 5 000 €. Si vous êtes nostalgique des sièges mous, de l’odeur typique des vieilles Peugeot et que vous supportez la consommation inutile du V6, n’hésitez plus!
Côte: 5 000 € // Solution alternative: Citroën CX
.
.
GAZ Volga M24: La révolutionnaire
GAZ, pour Gorkovsky Avtomobilny Zavod est une marque Russe née en 1923, principal constructeur de véhicules en Russie. Lorsqu’est présentée la Volga M24 en 1967, il ne s’agit simplement que d’un profond restylage de la Volga M22 née en 1954… Elle en reprend le 4 cylindres de 2,4 litres poussé à 110 chevaux, la suspension à lames, les freins à tambour et y ajoute une boite 4 vitesses qui permet à cette propulsion de 1360kgs d’atteindre les 145 km/H.
Le design est comme d’habitude largement inspiré des américaines contemporaines. L’ensemble est rigide mais ne manque pas d’élégance.
A l’intérieur, guère plus de folies: le tableau de bord est un large bandeau d’aluminium peint, percé des deux rectangles symétriques: l’un est le bloc compteur, l’autre la boite à gants. Il fait face à une banquette réglable.
La voiture est livrée de série avec un accoudoir central rabattable, une radio avec antenne électrique, un revêtement de sécurité sur le haut du tableau de bord, un essuie glace 3 vitesses, un chauffage et un dégivrage de vitre arrières. Qui a dit que les Russes vivaient chichement? Au volant, le dépaysement est assuré: la direction non assistée permet de se réchauffer lors des départs hivernaux, le bruit du 4 cylindres neurasthénique couvre aisément le son nasillard de la radio, le freinage est à la fois asymétrique et inefficace.
Pourquoi il vous en faut une?
La Volga est robuste et essentielle comme un Zorki 4. Ses caractéristiques nous ramènent directement aux années 50. Mais en ville, lorsque la vitesse n’est pas un besoin, quand la tenue de route n’est pas indispensable, que de solides pare chocs sont un atout et que disposer de six ou sept places suffit à ravir amis et enfants, la Volga M24 saura être une voiture fidèle et attachante.
Plus courante en France qu’on ne pourrait le penser, un bon modèle change de main pour bien moins de 2 000 €. A ce prix là ne demandez pas l’impossible: les pièces sont rares et compliquées à dénicher.
Côte: 2 500 € // Solution alternative: ZAZ 967
.
.
Toyota Crown: L’indiscrète
Il ne faut surtout pas la confondre avec la Ford Crown Vic… bien que les deux autos soient apparues simultanément sur leurs marchés respectifs, en 1955. La Crown est à l’origine conçue par Toyota pour mécaniser les Taxis d’un japon émergeant. Nous en sommes aujourd’hui à la treizième génération. Intéressons nous à la Crown 4, appelée en interne MS60. L’auto est née en 1971 et finira prématurément sa carrière en 1974. Son design atypique est certainement pour beaucoup dans son insuccès. Déclinée en coupé fastback et en break, elle est proposée avec une pléthore de moteurs, allant du 4 cylindres au 6 en ligne de 2,6L et 140 chevaux.Transmise aux roues arrières par une boite 4 vitesses, la puissance du 6 cylindres permet à cette grosse berline d’atteindre les 170 km/H. La suspension reprend des solutions éprouvées: bras tirés devant, essieu et ressorts à lames derrière.
Elle est la première Crown a porter la marque Toyota au Japon (pour ceux qui posent la question, avant elle portait la marque « Toyopets ») et sera affectueusement surnommée la baleine bleue. Certainement inspiré par son dessin, fait de volumes complexes avec une poupe musclée et rebondie, un long capot et un nez à deux étages de calandre.
Elle sera une des premières autos à intégrer les pare-chocs dans la carrosserie, renforçant l’aspect massif de la caisse. L’intérieur est dans le même esprit et a aujourd’hui beaucoup de cachet.
Pourquoi il vous en faut une?
La Toyota Crown MS60 n’est pas à proprement parler une jolie voiture, mais elle est originale, massive, datée et a beaucoup de caractère, ce qui n’est pas chose courante dans la production japonaise des années 60. Robuste et pas désagréable au volant, elle offre le luxe de conduire un 6 en ligne mélodieux à défaut d’être puissant.
Tous vos passagers adoreront les innovations technologiques sans lendemain de la voiture. Pèle mêle vous trouverez un coffre qui s’ouvre de l’intérieur en tournant la clé de contact à l’envers, la radio dispose de commandes déportées, une au pied du conducteur, l’autre sur le dossier du siège avant à l’intention des passagers…
La Crown est une voiture mal aimée, inconnue et pourtant on en trouve! A moins de 2 000 €, à vous la Baleine Bleue et le 6 en ligne.
De plus, si vous choisissez d’en prendre une et de la chérir, vous la soustrairez aux fondus de tuning Bosozoku qui se font un régal de faire souffrir cette soucoupe japonaise!
Côte: 2 000 € // Solution alternative: Honda P50
....
Forum rover P6
.
Pour la Rover P6, la marque SU ne veut pas dire « Standard United », mais Skinners Union..
Article sympathique a lire, au demeurant.
Oups, la bourde. C’est corrigé ! Merci!