Replaçons nous dans le contexte: L’automobile anglaise dans les années 60 est à l’apogée, une situation comparable à celle des allemandes à l’aube du 21eme siècle ils ont inventé le SUV, le pare brise collé, les freins à disque, rendu nécessaire la lampe frontale pour rouler de nuit et MG, par ses solutions simples et éprouvées se retrouve à l’origine de la voiture de sport universelle.
La MGB se vendra jusqu’en 1979 à plus de 500 000 exemplaires. C’est un petit roadster (et coupé) monocoque propulsé par un 1800 cm2 culbuté de 90 CV SAE (oui, ça fait dans les 50CV Din…). Il est tenu sur la roue par un train av à bras tirés et un pont rigide à l’arrière. Enfin, l’intérieur respire la sportivité : planche de bord noire vermiculée, sièges minimalistes, insonorisation inexistante et aucun superflu.
Elle changera légèrement lors de sa longue existence pour finir avec d’épais pare chocs en plastique et rehaussée de 4 cm, lorsque, en 1979, la marque stoppe toute activité.
Mise à mort par la British Leyland Motor Corporation Limited, vaste consortium de constructeurs anglais moribonds qui accusent le coup des crises pétrolières, des grèves générales et d’une crise économique qui veut de la discrétion et de la simplicité.
L’amateur de voitures de sport des années 80 rêve de Golf GTI.
La voilà qui pointe son nez et qui va transformer sur les trente années à venir nos désirs d’élégants coupés en nécessité de fonctionnelle shitbox. Mais une idée folle émerge de l’esprit torturé du président d’Aston Martin: Alan Curtis. Accompagné de David Wickens, Peter Cadbury, Lord George-Brown et du Norwest Group: Ils vont tenter de racheter la marque MG pour faire de la MGB une petite Aston, et au passage, sauver un morceau de l’histoire britannique qui leur tient à coeur. Ce projet va se matérialiser avec un petit roadster, sorti des chaines d’abbington dans sa couleur Marron pour partir de faire déshabiller à Newport Pagnell. Sur un dessin de William Towns, auteur de la DBS, DBSV8 et AMV8.
L’ensemble se compose d’une coque de roadster sur laquelle ont été montés des ailes et un pare-brise de MGB GT, des jantes Wolfrace modernes, des bas de caisse et pare chocs en plastique noir surmontés d’une petite calandre chromée. A l’intérieur, des sièges Tickford et un tableau de bord modernisé (donc, en plastique) prennent place pour donner à l’ensemble une allure up to date. Mécaniquement, peu de choses changent avec le bon vieux 1800 cc3 des débuts, à peine modernisé au cours de sa longue carrière. L’ensemble est une évocation réaliste de ce que la MGB serait si elle suivait son époque, une sorte d’Alfa spider Aerodinamica à l’Anglaise. On se prend à rêver que ce modèle eut existé avant: si on trouve maintenant du charme aux Rubbers de la fin des années 70, il faut reconnaître qu’a l’époque, cette modification pataude de la ligne gracile n’était pas très sexy. La proposition sortie de Newport Pagnel s’accommode bien mieux de ces appendices caoutchoutés.
Seulement voilà: Aston Martin commence à être entraîné dans la spirale qui a déjà gobé MG, Triumph et les autres. Les liquidités manquent, le projet tombe à l’eau. C’est la dernière fois que l’on entendra parler de la MG B d’Aston Martin avant que ce one off ne ressorte d’un garage pour la coquette somme de 28 000 £… Soit deux fois la côte d’un beau modèle classique.
La marque MG attendra dix ans pour renaître… avec une MGB affublée de pare chocs peints et d’un V8, mais c’est une autre histoire.
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